La Banque africaine de développement (BAD) compte débloquer jusqu’à 5 milliards de dollars de financement au cours des six prochaines années en faveur des femmes entrepreneurs, à travers AFAWA. C’est ce que vient de déclarer Marieme Esther Dassanou dans une interview publiée par la BAD. Marieme Esther Dassanou est la coordinatrice du programme «Action positive pour le financement en faveur des femmes en Afrique : AFAWA en anglais). AFAWA est, pour rappel, une initiative panafricaine lancée en mai 2016 par la BAD pour promouvoir un financement inclusif axé sur les femmes d’Afrique afin de les aider à libérer leur potentiel en matière d’entrepreneuriat. Avec AFAWA, la Banque cherche à combler un déficit de financement de 42 milliards de dollars qui pèse sur les entreprises dirigées par des femmes en Afrique. La Banque déploie des outils de financement plus adaptés à leurs besoins en crédits afin qu’elles puissent développer leurs entreprises.

« Ces outils financiers sont associés à une assistance technique aux institutions financières pour leur permettre de mieux répondre aux besoins des entreprises dirigées par des femmes. AFAWA fournit en outre un renforcement des capacités des femmes entrepreneures pour les aider à améliorer leur rentabilité et leur « bancabilité ». Le programme dispose également d’une composante « environnement des affaires » pour veiller à ce que les réglementations facilitent le renforcement des capacités des institutions financières et que ces dernières puissent prêter aux femmes » a expliqué Marieme Esther Dassanou qui a dirigé auparavant les programmes  en faveur de l’inclusion des femmes dans les secteurs de l’assurance et des finances de la Société financière internationale (IFC).

Selon la coordinatrice du programme AFAWA, le développement et la croissance des entreprises appartenant aux femmes sur le continent est une priorité pour la Banque africaine de développement. Les femmes entrepreneures du continent créent des entreprises plus rapidement que partout ailleurs dans le monde et, dans la plupart des pays, elles représentent au moins 30 % des entreprises officiellement enregistrées. « En prenant en compte l’économie informelle, on pourrait facilement affirmer que ce sont les femmes qui ont la plus grande représentativité dans le secteur des PME ». 

AFAWA, grâce à son programme « Garantie pour la croissance » (Guarantee for Growth), soutenu par le G7, les Pays-Bas, la Suède et le Rwanda, constitue une bonne base de départ. Mis en place conjointement avec le Fonds africain de garantie (AGF), ce programme réduit les garanties exigées aux femmes lorsqu’elles font un prêt.

« Nous avons pris un léger retard à cause de la crise du Covid-19 mais nous prévoyons que le programme   Garantie pour la croissance  sera opérationnel avant la fin 2020. Entre-temps, nous optimisons les lignes de crédit, les financements d’activités commerciales et les fonds de participation de la Banque pour permettre aux femmes d’accéder à des prêts et de développer leurs activités », a indiqué Marieme Esther Dassanou. La Banque veille également à ce que la composante PME de son Mécanisme de réponse rapide contre le Covid-19 (CRF) comporte un volet spécifiquement consacré aux femmes entrepreneures. Elle étudie, par ailleurs,  les possibilités d’utilisation des fonds de participation pour renforcer les capacités des entreprises dirigées par des femmes à s’impliquer davantage dans les interventions menées contre le Covid-19, afin de leur permettre d’accroître leurs activités et leur production.