C’est aujourd’hui la Journée nationale de la femme marocaine, célébrée le dix octobre de chaque année. Une occasion de s’arrêter sur les avancées réalisées pour la promotion socioéconomique de la gent féminine. Les derniers chiffres montrent que la situation économique de la femme marocaine se dégrade. Les femmes continuent de ne pas être sur un pied d’égalité avec les hommes notamment dans le domaine du travail, de l’entrepreneuriat et des finances. L’accès des femmes au financement reste très limité, vu notamment le taux faible de sa bancarisation. Selon les derniers chiffres de Bank Al Maghrib, le nombre de particuliers ayant au moins un compte bancaire ressort à 40% pour les femmes et 77% pour les hommes. Et nous estimons que le taux réel de la bancarisation de la femme est bien au-dessous de chiffre vu que le calcul de BAM prend en compte le nombre de comptes bancaires rapporté à la population adulte et si une personne dispose de plusieurs comptes, cela fausse le calcul. Dans le monde des affaires, malgré plusieurs initiatives, l’entrepreneuriat féminin au Maroc perd du terrain. Les femmes entrepreneures représentent à peine 10% du nombre total des entreprises au Maroc, contre 12% en 2015, dont 1/3 dans le secteur formel. De plus, 1 entreprise formelle sur 2 dirigée par des femmes n’a encore aucun compte bancaire pour financer ses activités ; et celles qui en ont, n’utilisent pas les services bancaires de façon optimale, systématique et régulière. Concernant le marché du travail, a situation n’est pas rose. Elle serait même au rouge.
Faible taux d’activité et des centaines de milliers d’emplois perdus
Selon le Haut-Commissariat au Plan, au deuxième trimestre de 2020, le Maroc comptait 18 millions de femmes (50,3%) dont 13,6 millions sont en âge d’activité (15 ans et plus). L’analyse de la situation des femmes au marché du travail révèle une faible participation de ces dernières à l’activité économique. En effet, leur taux d’activité n’est que de 20,8% (21,9 % au deuxième trimestre de 2019), largement en deçà de celui des hommes (69,7%). Ce taux enregistre 23,9% en milieu rural contre 19,1% en milieu urbain.
Les femmes en dehors du marché de travail (10,7 millions) représentent 79,2% de la population féminine âgée de 15 ans et plus (80,9% en milieu urbain et 76,1% en milieu rural).
Sur une population active occupée d’environ 10,5 millions, le nombre de femmes actives occupées a atteint environ 2,4 millions pendant le deuxième trimestre de l’année 2020 (soit un taux de féminisation de 22,7%), contre un effectif de 2,6 millions affiché pendant le même trimestre de l’année 2019 (23,5% comme taux de féminisation), ce qui équivaut à une baisse de 230.000 postes d’emploi (-9%).
Dans ce contexte, le taux d’emploi des femmes a diminué de 2 points en pourcentage entre les deuxièmes trimestres de 2019 et de 2020, pour afficher 17,5% (contre 61,8% parmi les hommes), et 19,5% une année auparavant. Par milieu, cette baisse a été le plus marquée dans le milieu rural, passant de 28,4% à 23,0% pendant la même période, alors qu’en milieu urbain ce taux oscille autour de 14,7%.
S’agissant du volume horaire de travail des femmes, plus de la moitié (53%) des heures de travail ont été perdues par rapport au deuxième trimestre de 2019. Le nombre total hebdomadaire d’heures effectives travaillées par les femmes a chuté de 90 millions d’heures (avec une moyenne de 35 heures par semaine) au deuxième trimestre de 2019 à 42 millions d’heures (avec une moyenne de 18 heures par semaine) au deuxième trimestre de 2020.
Les femmes actives sont également moins qualifiées que les hommes
Les femmes actives occupées sont relativement jeunes, 33,6% d’entre elles sont âgées de moins de 35 ans. Elles sont également moins qualifiées, près de six femmes en emploi sur dix (58,5%) n’ont aucun diplôme, contre 52,6% pour les hommes. Cette proportion cache des disparités importantes par milieu de résidence. Elle est de 91,2% en zones rurales contre 31,7% en zones urbaines.
Les femmes actives occupées restent plus présentes dans le secteur de « l’agriculture, forêt et pêche » avec une part de 43,3% de l’emploi féminin, suivi des « services » avec une part de 42,4% et celui de « l’industrie y compris l’artisanat », avec 13,8% comme part dans l’’emploi féminin.
Plus d’un tiers d’entre elles (35,3%) sont des ouvrières ou des manœuvres agricoles ou de la pêche, 14% des manœuvres non agricoles ou des manutentionnaires des petits métiers, 12,4% des employées, 11,3% des artisanes ou des ouvrières qualifiées des métiers artisanaux, 8,8% des cadres supérieures et des membres des professions libérales, et 7,8% des exploitantes agricoles des pêcheuses, des forestières ou des chasseuses.
Les femmes restent plus touchées par le chômage que les hommes
Au deuxième trimestre de 2020, le volume des femmes en situation de chômage s’établit à 439 mille personnes ou 29,7% du volume global du chômage.
Les femmes restent plus touchées par le chômage que les hommes, avec des taux de chômage respectifs de 15,6% (contre 11,1% au deuxième trimestre de 2019) et de 11,3% (contre 7,2%). De plus, dans les villes, leur taux de chômage est presque le double de celui des hommes avec respectivement 23,3% et 13,2%.
Plus de 7 femmes en chômage sur 10 (76,9%) sont âgées de moins de 35 ans et plus de 8 sur 10 (82,6%) sont diplômées.
Les deux tiers des femmes au chômage (64,5% contre 45,2% pour les hommes) chôment depuis au moins une année et 54,0% sont des primo-demandeuses d’emploi (contre 33,6% pour les hommes).