Le Maroc place les femmes au centre de la Stratégie nationale d’inclusion financière. Et pour cause, l’exclusion socio-économique associée à des facteurs culturels, entraine une forte exclusion financière des femmes par rapport aux hommes. En effet, si les femmes salariées sont quasiment au même niveau d’inclusion financière que les hommes salariés (57% des hommes salariés ont un compte contre 54% pour les femmes salariées), cet écart se creuse significativement au niveau des travailleurs indépendants (35% pour les hommes vs 21% pour les femmes) et devient très significatif pour les segments sans emploi (34% pour les hommes vs 14% des femmes).
Seulement 17% des femmes marocaines avaient accès à un compte en 2017, contre 35% dans la région MENA. Ce gap entre les genres en matière d’accès à un compte de transaction est plus élevé que dans la plupart des pays comparables. C’est l’un des principaux constats du premier rapport de la Stratégie nationale d’inclusion financière, publié par Bank Al-Maghrib et le ministère des Finances.
« Au Maroc, après de nombreuses actions mises en œuvre au cours de cette dernière décennie par les différents acteurs, et qui ont permis une progression en « volume » et en « valeur », un véritable ‘choc’ d’inclusion financière s’avère nécessaire pour combler les écarts les plus significatifs en termes de pénétration des services financiers entre femmes et hommes, ruraux et urbains, jeunes et adultes. Ce choc d’inclusion ne pourrait être réalisé qu’en dépassant les paradigmes des modèles classiques et en investiguant des modèles alternatifs qui ont favorisé des sauts considérables en termes de pénétration et d’utilisation des services financiers à l’échelle internationale », souligne le rapport.
A cet effet, la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière est venue combler les écarts dévoilés par le diagnostic et ainsi mettre en place des solutions idoines pour explorer le gisement de progrès qui demeure important. Pour ce faire, la stratégie a fixé un cap à l’ensemble de l’écosystème et a mis-en place un cadre de coordination et de collaboration national autour des axes clairement définis suivant une approche participative.
C’est ainsi qu’une définition nationale de l’Inclusion Financière a été élaborée, inspirée des définitions adoptées par le réseau de l’AFI et par la Banque Mondiale mais aussi des différents échanges avec l’écosystème financier marocain et des conclusions du diagnostic.
Après avoir finalisé la phase de formulation, l’année 2019 représente une année de transition marquée principalement par l’opérationnalisation des organes de gouvernance de la stratégie, l’adoption de sa feuille de route détaillée et le lancement des travaux de mise en œuvre.
Dans l’ambition de s’aligner sur le niveau constaté au niveau des pays comparables qui ont connu une évolution significative de leurs indicateurs d’inclusion financière, la stratégie se fixe plusieurs objectifs dont la réduction de l’écart hommes-femmes en termes d’accès au compte, à 41% en 2023 et 16% en 2030, contre 59% actuellement. La stratégie vise également à développer le champ de la microfinance afin de renforcer son rôle dans l’inclusion financière, en particulier pour les femmes, les ruraux et les TPE.