Avec AFD
Le budget d’un état n’est pas neutre. Il montre les priorités sociales et économiques d’un gouvernement. Afin de s’aligner sur les standards internationaux en termes de respects des droits humains et de l’égalité, le Maroc s’est engagé dans plusieurs chantiers dont la mise en place de la budgétisation sensible au genre (BSG), une approche stratégique visant la réduction des inégalités entre les sexes. À travers l’intégration de la perspective de genre dans le processus de programmation budgétaire, la BSG permet une répartition plus équitable des ressources publiques et le financement de politiques tenant compte des besoins et intérêts de tous et de toutes.
Pour soutenir la mise en œuvre du chantier de la BSG, le ministère de l’Économie, des Finances et de la Réforme de l’administration a créé, en 2013, le Centre d’excellence pour la budgétisation sensible au genre (CE-BSG), une plateforme de développement d’expertise, de gestion des connaissances et de formation dans le domaine.
« Ce Centre a été lancé suite à la Conférence Internationale de haut niveau sur la budgétisation sensible au genre qui s’est tenue à Marrakech les 9 et 10 novembre 2012. Il est l’aboutissement de plus de dix ans d’expérience marocaine en matière de BSG. Le CE-BSG est aussi un acteur privilégié de la réforme de la LOF puisqu’il vise une meilleure appropriation de la programmation et une planification intégrant la dimension genre dans les programmes et projets des Ministères et institutions en utilisant les indicateurs de performance comme un outil pour le suivi et l’exécution desdits programmes et projets ».
Depuis 2015, les principes de la BSG ont été inscrits dans la loi organique relative à la loi de finances (LOF) en précisant que les objectifs et indicateurs associés aux programmes budgétaires doivent tenir compte de l’aspect genre et chaque année, un rapport budget genre détaillant les efforts du gouvernement en matière d’égalité est soumis au Parlement en accompagnement du projet de loi de finances.
« Le CE-BSG est un acteur clé de la réforme de la LOF. A travers ses missions, il accompagne – annuellement – et de manière rapprochée les départements ministériels dans leur processus de planification stratégique et de programmation budgétaire sensible au genre. C’est un chantier essentiel pour garantir que les ressources de l’Etat bénéficient équitablement aux hommes et aux femmes, et que celles-ci contribuent à la réduction des inégalités persistantes », souligne Ahmed Berrada, directeur national du CE-BSG.
Dans ce contexte et pour renforcer la visibilité de la BSG auprès des citoyens ainsi que des différents acteurs de ce processus – à savoir la société civile, les départements ministériels ainsi que le secteur privé- une campagne digitale « Financer l’égalité » a été diffusée sur les réseaux sociaux à partir du 11 décembre 2020 dans le contexte d’examen du projet de loi de finances 2021 au Parlement. Cette campagne sous forme d’une vidéo et de cartes illustrées a pour objectifs de sensibiliser aux enjeux d’accès des femmes et des filles aux services publics ainsi que d’informer sur les résultats de la mise en œuvre de la BSG.
« La BSG est une approche permettant de déterminer si les engagements d’un gouvernement en matière d’égalité des sexes se traduisent par des engagements budgétaires. Sensibiliser le public sur cette démarche est important, et contribue à tenir les décideurs redevables de leurs engagements politiques en matière de réduction des inégalités de genre. » ajoute Leila Rhiwi, représentante du bureau Maroc d’ONU Femmes.
La campagne de sensibilisation « Financer l’égalité » s’inscrit dans le cadre du programme « Financer l’égalité : renforcer la BSG au Maroc » mis en œuvre par le Centre d’excellence pour la budgétisation sensible au genre en partenariat avec ONU Femmes et le soutien financier de l’UE et l’AFD.
Source : Agence Française de Développement
Covid-19: L’approche genre au cœur des politiques publiques dédiées à la relance économique
Le monde fait face actuellement à une crise sanitaire aux incidences économiques et sociales inédites. A l’échelle nationale, cette crise vient se greffer à une situation déjà défavorable en matière d’équité et d’égalité de genre. Les disparités relevées en la matière, avec un taux d’activité des femmes en nette décélération et un taux d’emploi qui peine à s’améliorer malgré les efforts consentis jusqu’à présent, pourraient s’accentuer dans le contexte de la crise du Covid-19.
Dans ce sens, des gains économiques peuvent être tirés d’une forte mobilisation du potentiel des femmes et de la réduction des inégalités de genre en termes d’accès au marché du travail au Maroc, comme en attestent les résultats d’une étude réalisée en 2020 par la Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF).
Au vu de ce gisement inexploité et compte tenu des risques soulevés par la crise du Covid-19, l’approche genre devrait être placée au cœur des politiques publiques dédiées à la relance économique et au renforcement de l’inclusion sociale. Ce positionnement de choix qu’il convient de conférer à la participation économique et sociale des femmes est déterminant pour asseoir la trajectoire de développement du Maroc sur des bases solides et pérennes. Dans ce sens, que notre pays reste fermement engagé dans la voie d’application et d’appropriation de la Budgétisation Sensible au Genre (BSG) qui a atteint un nouveau palier de maturité considérable, comme en atteste la diffusion de la circulaire du Chef de Gouvernement datée, du 11 mars 2020, exhortant les départements ministériels et les Etablissements et les Entreprises Publics à prendre en compte la dimension genre dans leurs exercices de programmation budgétaire triennale au titre de la période 2021-2023, en y intégrant leurs Plans d’Action Sectoriels à Moyen Terme (PASMT) cadrant la mise en œuvre de leurs engagements pris dans le cadre du Plan Gouvernemental pour l’Egalité (PGE II).
A travers cette circulaire, le Maroc se place parmi les rares pays au monde disposant d’un cadre instrumental idoine réunissant les prérequis d’une programmation et d’une budgétisation tenant compte de la dimension genre basées sur une triangulation cohérente et coordonnée entre les analyses genre sectorielles, les PASMT et les Projets de Performance ministériels (PdPs)
A noter que la 16ème édition du Rapport sur le budget axé sur les résultats tenant compte de l’aspect genre accompagnant le Projet de Loi de Finances 2021 (RBG 2021), a été publiée. Elle aborde les différences multidimensionnelles existantes entre les sexes et la manière dont elles pourraient être impactées par la crise, particulièrement, en matière d’accès aux opportunités économiques. Cette édition du Rapport aborde, également, les efforts consentis par les départements ministériels en matière de programmation budgétaire intégrant la dimension genre et dont les effets pourraient concourir au renforcement de l’équité genre.
Source: Ministère de l’Économie, des Finances et de la Réforme de l’administration
Pour consulter la Synthèse de l’édition 2021 du Rapport sur le Budget axé sur les Résultats et tenant compte de l’aspect Genre:
https://www.finances.gov.ma/Publication/db/2021/DEPF_Synth%C3%A8se%20du%20rapport%20Genre_FR.pdf