Après l’obtention de son baccalauréat en Sciences de Gestion au lycée Lyautey, et un master en communication management et marketing à l’université de Montréal, Lamia Bennani PDG du groupe ESIG retourne au Maroc pour intégrer le groupe Reso Education, fondé par son père. Lamia Bennani nous parle de la situation actuelle de l’école et l’accélération de la digitalisation et de l’évolution du groupe ESIG. Interview
Qu’est-ce qui vous a conduit à reprendre le flambeau familial ?
J’ai intégré le groupe il y a maintenant 14 ans, au début en qualité de stagiaire puis en prenant de plus en plus de responsabilité. J’ai ainsi gravi doucement les échelons tout en travaillant avec des femmes et des hommes formidables.
J’ai eu le privilège de collaborer étroitement avec mon père, Feu Azzeddine BENNANI, Président Fondateur du Groupe RESO Education, ce qui m’a permis, en le côtoyant, de découvrir une autre facette de mon père : ses qualités de manager.
Après son décès, nous nous sommes concertés et nous avons unanimement pris la décision de continuer son œuvre. Le legs est entre de bonnes mains et la saga continue.
Comment voyez-vous l’école marocaine de demain ?
Je pense que nous sommes à un tournant majeur, ce qui est intéressant et excitant à la fois. La situation actuelle est marquée par l’accélération de la digitalisation, le besoin incessant d’innover, la démocratisation rapide et étendue des TIC. Nous vivons dans un environnement de plus en plus instable d’où la nécessité, à mon avis, de revoir le dogme de la mondialisation et de ses paradigmes.
Dans ce contexte, l’école marocaine est acculée à changer sa manière de penser et sa manière de gérer. Nous allons assister à l’arrivée d’une nouvelle génération d’école. Le changement est en cours. La nouvelle réforme de bachelor initiée par le ministère de tutelle converge dans ce sens.
Le Groupe ESIG vient d’obtenir la Certification du Conseil Africain et Malgache de l’Enseignement Supérieur (CAMES), quel impact de cette certification sur les études ?
Pour les étudiants, cette certification est une nouvelle porte qui s’ouvre sur l’international et l’intégration continentale. En effet, les lauréats de ce programme bénéficient d’une reconnaissance de leur diplôme et d’une équivalence dans les 19 pays membres du CAMES. Ils ont désormais l’opportunité de se présenter à des concours donnant accès à des postes dans la fonction publique de ces 19 pays ou d’intégrer les programmes de doctorat des universités africaines. C’est donc un nouveau débouché vers une région économiquement très dynamique, où les entreprises marocaines sont déjà bien implantées. Grâce à la reconnaissance de leurs diplômes et de leurs compétences, les jeunes lauréats, qui sont les futurs représentants du savoir-faire marocain à l’étranger, auront plus de facilité à accompagner l’élan marocain vers les marchés subsahariens et à intégrer le marché du travail continental, sans être discriminés par le lieu de leur formation.
Quel est le taux de présence des étudiants subsahariens eu sein de l’ESIG ? Est-ce qu’il y a un équilibre entre les filles et les garçons ?
Je pense que la parité filles et garçons est équilibrée avec un léger avantage au niveau de la présence féminine. Cette observation vaut également pour les cadres, le leadership dans notre groupe est féminin.
Le Groupe compte aujourd’hui quelques centaines de lauréats issus de ses écoles et exerçant des activités de cadres supérieurs dans leurs pays et à travers le monde .Nous mettons tout en œuvre afin d’accompagner nos lauréats, et nous continuons à capitaliser sur ce patrimoine. Depuis, nous sommes fiers de ses plus de 5.000 lauréats subsahariens. Nous veillons aussi à assurer aux étudiants étrangers une intégration réussie une fois arrivés au Maroc par leur prise en charge dès l’arrivée à l’aéroport, avec une assistance au niveau des démarches administratives, du logement… Nous sommes fiers de noter qu’ils deviennent non seulement les ambassadeurs de nos écoles mais aussi les ambassadeurs de notre pays et du MADE IN MOROCCO.
Est-ce que l’enseignement à distance était satisfaisant pour les étudiants et la gestion de l’établissement, et que retirez-vous de cette période ?
Nos écoles (EFET – EURELEC – ESIG) ont été très réactives et ce, dès l’apparition de la pandémie car nous pouvions compter sur des moyens technologiques déjà en application (plateforme e-learning, MOOC, implantation du logiciel Konosys…). L’un de nos projets phare dans ce domaine est l’implantation du Blendedlearning, une combinaison entre l’enseignement à distance et l’enseignement en présentiel.
Nos équipes étaient mobilisées et à la disposition des étudiants, des parents, des enseignants et des formateurs.
Que conseillez-vous à vos étudiantes pour réussir leurs parcours d’études et de carrières ?
Je pense qu’elles doivent définir un projet professionnel au préalable et se l’approprier. Sénèque disait qu’il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va. Cet objectif professionnel leur servira de boussole pour définir le cap, la formation à suivre, le métier à exercer, le secteur d’activité et l’entreprise où elles désirent évoluer.
Je pense également qu’il est important qu’elles trouvent des réponses aux questions suivantes : Est-ce que la formation que je souhaite suivre est demandée par l’entreprise ? Quels sont les débouchés ? Quels sont les secteurs qui recrutent au niveau national et international ? (Je les invite aussi à oser penser à une carrière internationale.)
D’autres questions à se poser sont relatives à leurs compétences : Quelles sont leurs compétences actuelles ? Quelles sont leurs lacunes à améliorer ? Il faut impérativement procéder à un bilan de compétences, c’est d’ailleurs ce que nous faisons dans nos ateliers de développement personnel, de coaching et d’insertion professionnelle. Leur avenir se prépare dès leur premier jour à l’école.
Quelle est votre phrase fétiche qui vous accompagne dans votre vie de tous les jours ?
J’ai deux phrases qui constituent mon leitmotiv au quotidien et face aux difficultés :
« Il n y a jamais de problème, que des solutions » et « L’enthousiasme est contagieux ».