La Banque africaine de développement (BAD) et l’Organisation internationale du travail (OIT) viennent de publier une étude sur l’impact de la crise Covid-19 sur l’emploi et les TPME au Maroc. Les deux institutions appellent à donner une nouvelle impulsion à l’entrepreneuriat des jeunes, des femmes et au développement des très petites et moyennes entreprises (TPME) afin de renforcer la résilience aux chocs – facilitée par les mesures de soutien – et créer des emplois de qualité dans le Royaume.
Le rapport fait notamment état d’un faible taux d’entrepreneuriat dans le pays qui est plus prononcé dans la population féminine, puisque seules 12 pour cent des entreprises au Maroc appartiennent à des femmes. Les Marocaines en emploi avec un niveau d’étude supérieur présentent un taux d’emploi élevé, 30,2 pour cent en 2018, en comparaison des femmes sans diplôme et de niveau moyen (respectivement avec un taux d’emploi de 19,6 pour cent et 11,7 pour cent). Les entreprises gérées par des femmes sont relativement plus vulnérables que celles qui le sont par des hommes, et affichent les écarts les plus élevés d’accès au financement.
Globalement, avant la crise, les TPME marocaines faisaient face à des difficultés d’accès au financement, ne recevant que 15,6% du total des crédits bancaires, selon la note. Ce tissu économique est aussi caractérisé par un faible niveau de qualification qui limite les gains de productivité. Le document révèle, par ailleurs, la prédominance du secteur informel qui concerne 81% des TPME et 60% des emplois du secteur privé. En outre, près de deux tiers des salariés ne disposent pas de couverture sociale.
Les TPME, qui concentrent 73% des emplois, ont été particulièrement affectées par la crise. Près de 80% d’entre elles ont accusé une baisse de plus de 15% de leur chiffre d’affaires, conséquence du premier confinement. En 2020, la crise a ainsi entraîné la perte de 432 000 emplois selon le Rapport du Haut-Commissariat au Plan sur l’emploi (janvier 2021), et a provoqué une hausse de la précarité de l’emploi, en particulier chez les jeunes, les femmes et les populations les plus vulnérables. On note également une baisse de 26% du volume horaire travaillé par semaine, équivalant à près de deux millions d’emplois.
Afin d’atténuer les répercussions économiques de la crise, les autorités marocaines ont mis en place des mesures d’indemnisation des travailleurs et accordé des facilités financières et fiscales aux TPME. Ces efforts ont eu un effet amortisseur contribuant à préserver 71% des emplois menacés à la suite du premier confinement. Sans ces mesures, la croissance du PIB aurait ainsi connu une décélération plus importante avec une baisse supplémentaire de six points de pourcentage, selon l’étude.
La note relève les avancées réalisées dans le cadre du plan de relance économique pour faciliter notamment l’accès au financement des entreprises et renforcer le socle de protection sociale. Elle souligne les importants progrès du programme « Intelaka » relatif au déploiement d’instruments financiers adaptés aux besoins des TPME. Le document préconise, à cet effet, le renforcement, à court terme, des dispositifs d’accompagnement technique destinés aux entrepreneurs. Il appelle notamment à adopter une vision holistique et intégrée de la promotion de entrepreneuriat et des TPME afin de lever les contraintes structurelles. Pour soutenir la reprise, le document propose d’inclure, dans chaque plan sectoriel de relance, des projets et programmes à fort potentiel d’impact sur la création d’emplois et de réaliser une revue à mi-parcours de la Stratégie nationale de l’emploi.
Parmi les propositions sectorielles sur les écosystèmes entrepreneuriaux, on note celle qui préconise de développer des centres de formation de proximité à l’intention des jeunes et des femmes en milieu rural.
Selon les deux institutions, penser l’après Covid-19 permet d’appréhender l’économie marocaine avec des fondations plus résilientes, plus inclusives et plus innovantes. Une croissance endogène créatrice d’emplois décents, davantage tirée par les TPME, s’avère ainsi fondamentale. C’est autour de ces axes que s’articulent les principales recommandations de cette note conjointe.
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