Le Maroc célèbre ce 30 juillet 2024, un quart de siècle de règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Ces 25 années ont été marquées par une transformation profonde de la condition féminine dans le royaume. Sous l’impulsion décisive du Souverain, de nombreuses initiatives et réformes ont contribué à l’émancipation et au développement des femmes marocaines. Revenons sur ces avancées majeures qui ont façonné le parcours des Marocaines au cours de ce quart de siècle.
Depuis son accession au trône en 1999, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a fait de l’émancipation des femmes l’un des piliers de sa vision pour un Maroc moderne, prospère et égalitaire. Convaincu que le développement du Royaume ne peut se réaliser sans la pleine participation de la moitié de sa population, le Souverain a initié et soutenu de nombreuses réformes visant à renforcer les droits des femmes et à promouvoir leur rôle dans tous les domaines de la société marocaine.
« Le Maroc ne peut réaliser ses projets de développement et de progrès que lorsque les femmes occuperont la place qui leur revient », déclarait le Roi dans son discours historique du 20 août 2019, réaffirmant ainsi son engagement inébranlable envers la cause féminine. Cette vision royale s’est traduite par des actions concrètes et des réformes audacieuses qui ont profondément transformé le statut des femmes au Maroc.
De la refonte du Code de la famille en 2004, saluée comme une avancée majeure pour les droits des femmes dans le monde arabo-musulman, à la promotion active de la participation politique féminine, en passant par des initiatives visant à améliorer l’éducation des filles et l’autonomisation économique des femmes, le règne de Mohammed VI a été marqué par une volonté constante de faire progresser la condition féminine.
Une révolution juridique
La première réforme majeure de la « Moudawana » en 2004 a constitué un tournant historique. Elle a considérablement amélioré les droits des femmes en relevant l’âge légal du mariage à 18 ans, en limitant la polygamie, en facilitant le divorce pour les femmes et en leur accordant la garde des enfants. Cette réforme a été saluée comme un pas décisif vers l’égalité des sexes dans un pays arabo-musulman.
Au fil des années, d’autres réformes juridiques importantes ont suivi. En 2007, la réforme du Code de la nationalité a permis aux femmes marocaines de transmettre leur nationalité à leurs enfants, une avancée majeure pour l’égalité citoyenne. La levée des réserves sur la CEDAW en 2011 a également démontré l’engagement du pays envers les normes internationales en matière de droits des femmes.
Aujourd’hui, le nouveau projet de refonte de la « Moudawana » s’inscrit dans la continuité de cette dynamique réformatrice. Annoncé par le Roi lors de son discours du Trône en juillet 2023, ce projet vise à adapter le code de la famille aux réalités sociales actuelles et aux engagements internationaux du Maroc.
Ce projet ambitieux fait l’objet de débats animés au sein de la société marocaine. S’il est salué par les progressistes comme une avancée nécessaire, il suscite des réserves chez les conservateurs qui craignent une rupture avec les traditions islamiques.
Le Roi Mohammed VI, en sa qualité de Commandeur des croyants, joue un rôle crucial dans la légitimation de ces réformes. Son approche, alliant modernité et respect des valeurs islamiques, vise à concilier les différentes sensibilités de la société marocaine.
Les défis restent nombreux, notamment dans la mise en œuvre effective de ces réformes et leur acceptation par toutes les couches de la société. Néanmoins, ce quart de siècle de règne aura indéniablement marqué une ère de progrès juridique et social sans précédent dans l’histoire du Maroc moderne.
Une présence accrue en politique
Depuis 1999, la représentation politique des femmes et la participation des femmes à la vie politique ont connu une nette amélioration, résultat d’une volonté royale et de réformes successives.
Les principales avancées incluent, l’introduction de quotas parlementaires, passant de 30 sièges réservés aux femmes en 2002 à 90 en 2021, une augmentation significative des femmes députées, de 2 en 1997 à 96 en 2021 (24% des sièges), une présence accrue des femmes au gouvernement, avec 7 ministres femmes sur 24 en 2021, une forte progression au niveau local, avec 26% de femmes élues aux élections communales de 2021, contre 0,56% en 2003, une plus grande intégration des femmes dans les instances dirigeantes des partis politiques.
Malgré ces progrès significatifs, des défis persistent pour atteindre une véritable parité. Cette évolution positionne, néanmoins, le Maroc comme un leader régional en matière de participation politique des femmes.
Éducation : vers la parité et au-delà
Au cours des 25 années de règne du Roi Mohammed VI, le Maroc a connu des avancées significatives en matière d’éducation et d’emploi des femmes, marquant une transformation profonde de leur place dans la société marocaine.
La scolarisation des filles a connu une progression remarquable. Le taux net de scolarisation des filles au primaire est passé de 84% en 2000 à près de 100% en 2020. Cette évolution est particulièrement notable dans les zones rurales, où des efforts spécifiques ont été déployés pour encourager la scolarisation des filles.
L’enseignement supérieur a également enregistré une augmentation spectaculaire du nombre d’étudiantes. Aujourd’hui, les femmes représentent plus de la moitié des effectifs universitaires dans de nombreuses filières, y compris dans des domaines traditionnellement masculins comme l’ingénierie et les sciences. Cette évolution témoigne d’un changement profond des mentalités et des aspirations des jeunes Marocaines.
Emploi : Vers une intégration renforcée des femmes
Depuis son accession au trône en 1999, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a accordé une importance particulière à la promotion économique des femmes. L’égalité des chances et l’accès des femmes au marché du travail au Maroc occupent de plus en plus une place importante dans la politique publique et les objectifs de l’Etat. En raison de plusieurs pressions d’ordre économique, démographique et culturelle, le taux d’activité des femmes est passé de 28,1% en 2000 à 19% en 2023, demeurant nettement inférieur à celui des hommes (69% en 2023). Ces inégalités, combinées à un taux de chômage plus élevé chez les femmes (18,3% pour les femmes contre 11,5 %pour les hommes), une concentration de 41,5% des femmes employées dans le secteur agricole, ainsi qu’une situation vulnérable dans l’emploi, accentuent leur prédisposition à l’inactivité. Le Maroc s’est ainsi fixé l’objectif d’atteindre un taux d’activité des femmes de 45% à l’horizon de 2035 dans le cadre de son Nouveau Modèle de Développement.
Cependant, comme souligne une étude du HCP, cet objectif est contraint, d’une part, par les conditions économiques, où en moyenne l’économie devrait créer 293 mille emplois pour les femmes par an, et d’autre part, par les normes sociales et culturelles qui continuent de cantonner les femmes et les filles dans des rôles traditionnellement dédiés au travail domestique, considéré comme leur responsabilité principale.
A noter que les simulations de la Banque mondiale indiquent que la réalisation des objectifs du Nouveau Modèle de Développement avec un taux d’activité des femmes de 45 %, pourrait accroître la croissance de près d’un point de pourcentage par an, et réduire les inégalités de 1 à 2 points de Gini.
Entrepreneuriat féminin : un dynamisme croissant, mais…
Au Maroc, l’entrepreneuriat des femmes est aujourd’hui au centre des stratégies de développement socio-économique. Son émergence a été favorisée par plusieurs réformes sur le plan social, institutionnel et politique lui garantissant des améliorations considérables notamment sur le plan de l’éducation, de l’emploi et du statut juridique. En 2021, par exemple, le Maroc a adopté une nouvelle loi établissant un quota de femmes dans les sociétés anonymes : les conseils d’administration ou de surveillance doivent inclure un minimum de 30 % de parité hommes-femmes dans les trois prochaines années, et de 40 % dans les six prochaines années. Selon le dernier rapport annuel de l’Observatoire marocain de la très petite et moyenne entreprise (OMTPME), 16,2% des entreprises au Maroc sont dirigées par des femmes. En effet, l’examen des données de 305.529 entreprises personnes morales actives, pour lesquelles le genre a été identifié par l’Observatoire, a fait ressortir que 49.675 des entreprises sont dirigées par des femmes, soit 16,2% du total. Les microentreprises ont affiché la part de l’entrepreneuriat féminin la plus importante, soit 16,7% de l’effectif de cette catégorie de sociétés, contre 12,3% au niveau des TPE, 11,2% des PME et 12,7% pour les grandes entreprises (chiffres de 2021).
Les régions de Marrakech-Safi (19%) et Rabat-Salé-Kénitra (18,8%) enregistrent les niveaux les plus élevés de l’entrepreneuriat féminin, devant Casablanca-Settat (17%). L’entrepreneuriat féminin est plus développé dans les entreprises en démarrage, soit 18,1% dans l’effectif des entreprises ayant un âge de moins de 2 ans. Au plan sectoriel, les entreprises dirigées par des femmes sont plus nombreuses dans la «Santé humaine et Action sociale», l’«Enseignement» et la «Coiffure & Soins de beauté».
Cette progression remarquable est le fruit de plusieurs initiatives et changements structurels qui ont créé un environnement plus propice à l’entrepreneuriat féminin. L’un des facteurs clés de cette évolution a été l’amélioration de l’accès au financement. La mise en place de produits financiers spécifiquement conçus pour les femmes entrepreneurs a permis de lever l’un des principaux obstacles auxquels elles étaient confrontées. Ces solutions financières adaptées ont offert aux femmes les moyens de concrétiser leurs projets et de développer leurs entreprises.
Parallèlement, des efforts considérables ont été déployés dans le domaine de la formation et de l’accompagnement. Des programmes dédiés ont vu le jour, offrant formation et mentorat à des milliers de femmes entrepreneurs. Ces initiatives ont joué un rôle crucial en dotant les femmes des compétences nécessaires pour naviguer dans le monde des affaires et en leur fournissant un soutien précieux tout au long de leur parcours entrepreneurial.
L’introduction du statut d’auto-entrepreneur en 2015 a également eu un impact significatif. Ce nouveau cadre juridique a simplifié considérablement les démarches administratives, réduisant ainsi les barrières à l’entrée pour de nombreuses femmes désireuses de se lancer dans l’entrepreneuriat. Cette simplification a encouragé un plus grand nombre de femmes à franchir le pas et à créer leur propre activité.
Le développement de l’écosystème des start-ups au Maroc a ouvert de nouvelles perspectives pour les femmes entrepreneurs, particulièrement dans le domaine de l’innovation. Cet environnement dynamique a permis à de nombreuses femmes de s’illustrer dans des secteurs de pointe, contribuant ainsi à diversifier et à moderniser l’économie marocaine.
Malgré ces avancées encourageantes, il est important de reconnaître que des défis persistent. Les femmes entrepreneurs continuent de faire face à des obstacles culturels qui peuvent freiner leur progression. De plus, leur accès aux réseaux d’affaires traditionnellement dominés par les hommes reste limité, ce qui peut entraver leur capacité à saisir certaines opportunités et à développer pleinement leur potentiel entrepreneurial.
La santé des Marocaines au cœur des politiques publiques
La santé des femmes est devenue une priorité nationale sous le règne de Mohammed VI, avec des résultats tangibles. La mortalité maternelle a chuté de 227 pour 100 000 naissances vivantes en 2000 à 72,6 en 2018, selon les chiffres du ministère de la santé publique. Malgré ces progrès, l’accès aux soins reste inégal entre les zones urbaines et rurales. Plusieurs initiatives ont contribué à l’amélioration de la santé des femmes marocaines, telles l’accès aux soins prénataux, l’accouchement assisté et le dépistage du cancer du sein et du col de l’utérus.
Lutte contre les violences : un combat sur plusieurs fronts
La lutte contre les violences faites aux femmes au Maroc a connu des avancées significatives ces 25 dernières années, s’articulant autour de plusieurs axes complémentaires. Sur le plan législatif, l’entrée en vigueur de la loi 103-13 en 2018 a marqué un tournant décisif. Cette loi historique criminalise pour la première fois diverses formes de violence contre les femmes, incluant le harcèlement de rue et la violence conjugale, renforçant ainsi considérablement le cadre juridique de protection.
Parallèlement aux évolutions législatives, des efforts importants ont été déployés pour améliorer le soutien concret aux victimes. Le nombre de centres d’écoute et d’hébergement pour femmes victimes de violence a connu une augmentation remarquable, passant de 38 en 2004 à 65 en 2020. Cette expansion des structures d’accueil s’accompagne d’une initiative de formation professionnelle ciblée. Des programmes spécifiques ont été mis en place pour les policiers, les juges et les personnels de santé, visant à améliorer la prise en charge des victimes et à assurer une réponse plus adaptée et efficace face aux situations de violence.
La sensibilisation de la société joue également un rôle crucial dans ce combat. Des campagnes nationales ont été lancées dans le but de briser le tabou entourant les violences faites aux femmes et d’encourager la parole des victimes. Ces initiatives contribuent à créer un environnement social plus propice à la dénonciation des actes de violence et au soutien des femmes qui en sont victimes.
Pour mieux comprendre et analyser le phénomène, le Maroc a créé en 2014 l’Observatoire National de la Violence à l’égard des Femmes. Cet organisme joue un rôle essentiel dans la collecte de données, l’analyse des tendances et l’élaboration de recommandations pour des politiques plus efficaces. Grâce à son travail, la compréhension des mécanismes et des impacts de la violence envers les femmes s’est considérablement améliorée, permettant ainsi d’affiner les stratégies de lutte.
Ces avancées sur différents fronts – juridique, pratique, sociétal et analytique – témoignent d’une approche globale dans la lutte contre les violences faites aux femmes au Maroc. Bien que des défis persistent, les progrès réalisés constituent une base solide pour poursuivre et intensifier les efforts dans ce domaine crucial. La combinaison de mesures législatives, de soutien concret aux victimes, de sensibilisation du public et de recherche approfondie dessine les contours d’une stratégie multidimensionnelle, essentielle pour combattre efficacement ce fléau social et promouvoir l’égalité et la dignité des femmes.